Carnets de voyage
de Walter Salles - 2003 - avec Gael Garcia Bernal et Rodrigo de la Serna...
Alberto Granado et Ernesto Guevara quittent l'Argentine sur une vieille motocyclette baptisée "La Vigoureuse". Fiers de se comparer à Don Quichotte, Sancho Pança et Rossinante, ils veulent découvrir l'Amérique latine et célébrer les 30 ans de Granado au Chili ! Voyage initiatique où chacun des deux rencontre son destin, pressentant sa vocation en côtoyant sur les routes des hommes et des femmes simples et touchants, aux prises avec les dures réalités sociales, leurs injustices et leur bêtise. Ils regardent la misère dans les yeux, couchent et dorment auprès d'elle, lui tendent les mains avec innocence et chaleur. Et sourient à ceux qui l'endurent. Pourtant ce film est d'une sobriété étonnante, simple et direct : il ne se perd dans aucun débat d'idées superflu, ni ne s'égare dans le sentimentalisme : la prise de conscience des deux jeunes hommes naît de leur quotidien renouvelé, de leur disponibilité et leur honnêteté. De brèves rencontres et de chemins croisés, tout en nuances.
Pourquoi avoir choisi cette image ? Elle saisit la force du film : une amitié puissante qui vibre intensément avant que chacun des deux hommes ne suive sa propre trajectoire. Granado regarde Guevara, une carte en main, traçant leur itinéraire, tendu vers son avenir. Ce jeune homme vif et jovial travaille dans l'ombre, avec générosité, ému par la lumière d'Ernesto Guevara, étrangement plus timide et silencieux, mais volontaire et fougueux. Guevara regarde en lui l'éclosion d'une vocation et ses métamorphoses. Granado et Guevara : de la Serna et Garcia Bernal, deux jeunes comédiens d'une justesse et d'une vitalité éclatantes.